Un bruit étrange provient de la cuisine, je vais vérifier ça. J’allume la lumière, j’écoute attentivement. Ce sont des branches qui tapent contre la fenêtre, je m’assure qu’elle est bien fermée. D’un doigt je touche le métal froid de la poignée. Le robinet goutte, le chauffe-eau émet un vrombissement et le frigo vibre. Je m’échappe de la cuisine. Les carreaux au sol me rendent nerveuse.

Je retourne dans le salon et saute sur le canapé. Le salon est la pièce où je me sens le plus à l’aise, mis à part le canapé, il est presque vide. C’est pratique pour nettoyer, je n’ai qu’à bouger quelques meubles. Tous les soirs avant d’aller me coucher je fais le ménage. Ça me fatigue suffisamment, au point que je m’endors rapidement. Des couches épaisses de coussins m’entourent. Dans le canapé je me sens presque en sécurité. Mon pyjama, des peluches, mes chaussettes de nuit, et mes bouchons pour les oreilles. Tout est rangé dans un tiroir dédié. Pliées et en position précise, ces choses m’accueillent.

Un prozac, je sens le cachet descendre à l’intérieur de ma gorge. Je remets la boîte du médicament dans le tiroir, dans l’angle droit, un petit sentiment de plaisir m’envahit. Je recompte mes différentes collections : brosses à dents, briquets, cartes postales achetées. Je les classe dans des boîtes sur mesure. Rituel nocturne qui me permet de sortir pendant la journée, avoir une vie proche de la normalité. Néanmoins il m’arrive de passer des journées entières couchée sur mon canapé, quand je me sens un peu étourdie.

J’allume la télé pour mettre un film, le film que je regarde pour m’endormir tous les soirs. L’actrice principale apparaît, mes lèvres forment les mots que je connais par cœur. Elle me regarde avec ses yeux apeurés, arrive le moment où elle tourne le dos à la caméra comme pour quitter l’écran. Elle court pour s’échapper de ce mauvais rêve. Je ne vois jamais la fin de ce film, ça doit finir en happy-end. Les voix se transforment en murmures, je n’entends plus qu’une légère mélodie qui me transporte ailleurs.