Je viens de rentrer. Il est quatre heures du matin, je n’allume pas la lumière, elle me fait mal aux yeux, je ne vois que du blanc. Du blanc et des éclairs de couleurs, je pue. Mon crâne me fait souffrir. Je jette mon sac bleu sur le meuble de l’entrée et tombe de dos sur le lit défait. Il y a tout qui tourne, la lumière entre à travers les rideaux vert-dégueulasses. Je ferme les yeux, me caresse la cuisse droite. J’ai mal partout. Je m’amuse à pointer dans un bleu, juste pour voir si je suis toujours éveillé. La grosse y est allée encore trop fort, je n’ose pas lui dire quand ça commence à faire mal.
Ce soir, elle porte des collants résilles et ce maquillage vert-dégueulasse. Je voudrais les toucher ou au moins les renifler, mais elle ne permet que le regard. Enivré sous les claquements de ses talons et par son ombre portée contre les murs humides, je suis plaqué contre la table à massage. L’excitation monte, la tension monte quand ses mains, dans des gants élastiques, touchent et tordent mon coup. L’huile chaude coule sous mon ventre, elle pousse un cri étrange. Ça me distrait, je dois lui dire de la fermer la prochaine fois, ou peut-être trouver quelqu’un autres. Mais j’aime bien la grosse, elle me traite mal à sa façon douce et tendre.
Il est si tard, je n’arrive pas à dormir, je vois de la lumière à travers le passe-plat, je dois être dans le salon. Je peux entendre tous les mouvements des voisins. Je préfère ne rien dire. Les rapports humains me stressent. Il faut que je parle de ça avec la grosse la prochaine fois. Lentement, je sombre dans l’imaginaire, une longue expiration.