Le chien est déjà couché devant le feu. La chasse a été longue, il est trop vieux pour suivre le pas. J’enlève ma veste et le pantalon, j’ouvre deux boutons de ma chemise, un petit verre de vin chaud, mon tabac et hop sur le lit. Je mets la télé, histoire de ne pas rester dans le silence, ça me donne l’impression d’être accompagné. J’aime bien écouter la télé les yeux fermés, ça calme, et ce n’est pas avec mon chien que je vais trouver de la discussion.
Le soir quand la forêt se réveille, tout attend dans un silence noir. Un silence qu’il ne faut surtout pas interrompre, j’aime le son des branches qui craquent, un hibou hue. L’air froid remplit mes narines, je gratte le sang sec sur mes mains. Des feuilles mortes tombent, le vent les reprend avant qu’elles touchent le sol. Il les accroche à ma veste, j’en ramène toujours un peu dans le lit. Quand je tourne pendant un rêve troublant, je les écrase. Leurs petits craquements sous la couverture rugueuse me réveillent légèrement. Ils ont trouvé leur chemin sous ma chemise. Je me retourne pour les dégager.
Les flammes du feu disparaissent, les cendres restent. Ma peau gratte. La nuit va être mauvaise. Je tourne et me retourne, mais mes paupières restent lourdes. Demain matin il me faudra un grand café, je vois comme l’eau bouillit et les bonnes tartines au saucisson de sanglier avec du beurre. Le meilleur moment de la journée, l’aube, quand la forêt s’endort et les rayons du soleil l’allument. La rosée disparait. C’est là où je me sens le moins seul ainsi que le plus. Alors je tombe dans les vapeurs rouges du sommeil et je m’endors.