Une télévision, un écran plat qui clignote devant moi et la présentatrice qui fait la démonstration d’un nouveau robot de cuisine. Elle liste les avantages, donne des exemples, fait l’éloge du prix. Toujours ce faux sourire aux lèvres, et son acolyte qui fait toujours les mêmes blagues. Mais ça marche avec moi. Ma main prend le contrôle et décroche le téléphone. J’hésite, mais c’est déjà trop tard. Un nouveau gadget, frais d’envoi compris.

J’allume une cigarette, puis je l’oublie dans le cendrier, trop concentrée à réviser en détail chaque promotion, solde, baisse des prix qui remplissent ma boîte à lettres. Des appels toute la journée, ils me demandent si je suis intéressée par leurs nouveautés. Il y a tellement de choses chez moi, je n’ai presque plus de place pour vivre. Entre les offres, une ou deux lettres importantes me rappellent le poids qui pèse sur mes épaules. Des chiffres qui s’agrippent à moi, des créanciers qui me harcèlent, comme des charognards au-dessus de mon corps. La maison que je n’ai toujours pas fini de payer, la machine à laver.

Mais à la fin, je m’en fiche de tout ça. Les objets autour de moi me remplissent d’une telle satisfaction, je veux tout et je ne travaille que pour ça. Je pense aux grands événements de ma vie, l’achat de ma première voiture, mon premier appartement, les fournitures en tous genres et tous ces accessoires pour rendre le quotidien plus agréable. Je ramasse quelques catalogues de mode, j’ai besoin de nouvelles bottines pour l’automne, un nouveau cardigan peut-être. C’est le moment de la journée que je préfère, la lecture au lit, les catalogues, de quoi noter et les bons de commande. Prête à prendre les références, la description et le prix de l’article. J’irai même les chercher directement au magasin, j’en rêve déjà. Le petit bruit de ma carte de crédit quand elle passe dans la machine. La carte s’échappe de mes mains, j’essaye de la rattraper, je frémis.